Practical Information

– curation – 

 

08 November – 09 December 2022

Location:

Galerie Michel Journiac

47, rue des Bergers 75015 Paris

 

Métro : Lourmel (M8), Javel (M10), Ballard (T3a)

 

opening hours:

Wed-Fri 14h to 18h

Sat 12h to 16h and by appointment 

"A pure spirit grows beneath the bark of stones" - Amélie Labourdette, solo show

Mirroring two photographic constellations, one bearing witness to the ancestral memory of the “oldest forest on Earth” dating from the Middle Devonian period (385 million years), while the other revealing the vibrant spectrum of contemporary forests, Amélie Labourdette’s show unfolds under the aspects of photography, writing, and sound. As the first phase of a wider project – Ghosts & Monsters – the exhibition invites us to develop alternative narratives by revealing future paths of eco-collaborations with our biosphere.

Featuring Maïtéa Miquelajauregui as an invited artist presenting the sound project MOHO which transcribes the pulse of the Earth through its seismic recordings, and the writings of Elodie Issartel and Camille de Toledo present in the exhibition space in sound form summoning the voices of the forests.

French :

UN PUR ESPRIT S’ACCROÎT SOUS L’ÉCORCE DES PIERRES

Une exposition d’Amélie Labourdette

Conçue pour la Galerie Michel Journiac, l’exposition Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres présente des œuvres photographiques de l’artiste française Amélie Labourdette, résultat de ses recherches au sein du New York State Museum à Albany NY. L’exploration détaillée de la Collection de Paléobotanique a permis à Amélie Labourdette la saisie photographique de vestiges fossiles des plus anciennes forêts sur Terre trouvés à Gilboa et à Cairo datant du Dévonien Moyen (385 millions d’années). Conjointement à cette exploration, la recherche de l’artiste s’est enrichie d’un travail photographique réalisé au cœur de plusieurs forêts contemporaines en France et aux États-Unis. Premier volet de son projet plus vaste intitulé Ghosts & Monsters, cette exposition cherche à développer des récits alternatifs en nous indiquant des voies futures d’éco-collaborations avec notre biosphère. À l’image du vers éponyme du poème de Gérard de Nerval, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres célèbre un pluralisme ontologique dans son effort pour reconnaître une forme de sensibilité et de subjectivité aux entités naturelles non humaines, ici les forêts.

L’exposition s’articule autour de la mise en écho de deux corpus d’images, chacune étant la matérialisation photographique d’une temporalité plus qu’humaine – l’une témoignant de la mémoire ancestrale des forêts originelles du Dévonien, l’autre révélant le spectre vibrant de forêts contemporaines – chacune se réverbérant dans l’autre. L’espace d’exposition est alors pensé comme le corps mémoriel et vibrant – en couches subtiles entrelacées – de la forêt.

En poursuivant le désir de conférer une présence sensible aux entités des forêts primordiales de Gilboa et de Cairo, ainsi qu’aux entités de nos forêts contemporaines, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres cherche à leur donner « corps », mais également à les investir de « voix » et de « récits ». Dans cette optique, Amélie Labourdette combine à la photographie au sein de cette exposition l’écriture et le son en invitant quatre autres artistes à collaborer. Maïtéa Miquelajauregui présente son projet sonore MOHO dont l’intention est de nous faire appréhender l’entité Terre, en nous faisant ressentir les activités sismiques de notre planète qui, pareilles à des pouls, remplissent l’espace d’exposition d’un spectre de sensations sonores et physiques.

Traducteurs des voix des forêts, les deux auteurs Elodie Issartel et Camille de Toledo deviennent les intercesseurs de ces entités.

« Nos élans sont les flèches de votre avenir » mis en poème par Elodie Issartel et mis en voix par Marie-Bénédicte Cazeneuve convie les spectres des forêts primordiales de Gilboa et Cairo. Leur témoignage nous rappelle que le monde au sein duquel nous vivons n’aurait pu exister sans leur présence. En outre, « le discours des forêts européennes devant les Nations unies en 2024 » de Camille de Toledo déploie un récit, celui d’un « soulèvement légal de la Terre », en convoquant les voix des forêts contemporaines.

Dans l’esprit du gesamtkunstwerk, l’exposition forme un écosystème de corps et de voix, elle s’inscrit dans le sillon des recherches actuelles concernant la Jurisprudence de la Terre pour laquelle il est question d’étendre le politique au niveau du Cosmos-Politique, de prendre en compte les non-humains comme Sujets de droits dans un « parlement élargi ».
Les limbes d’un monde plus-qu’humain
L’exposition Un pur esprit s’accroit sous l’écorce des pierres d’Amelie Labourdette plonge le spectateur dans l’inquiétante étrangeté des sujets reconnaissables, et toutefois distants de ses photographies. À première vue, apparaissent des images ordinaires de forêts et de fossiles ; en s’en approchant, se révèle une étonnante gamme de gris, une multiplicité de densités – du noir le plus profond, mat aux nuances irisées – d’où surgit une vibration sortant du spectre accessible à la vision humaine. Glissant hors de la matérialité habituelle, les œuvres produisent la forte sensation d’une présence fantomatique et déconcertante. Ni ici, ni là, le spectateur est entraîné dans les limbes d’un monde plus-qu’humain, des forêts primordiales qui atteignent nos entrailles avec la sensation d’une familiarité paradoxale, une résonance intime d’une temporalité originelle que nous contenons déjà en nous,   aux sources même de notre existence terrestre.

Divisées en deux ensembles clairement distincts, les photographies représentent d’un côté des images prises dans des forêts contemporaines en France et en Amérique du Nord, et de l’autre, des portraits de vestiges fossilisés des plus anciennes forêts sur Terre, datant de la période dévonienne il y a 385 millions d’années. La conjonction des temps ancestraux et actuels : celle d’une mémoire originelle enclos dans les vestiges fossiles qui s’incarne au sein même des forêts de notre présent constitue l’« aura » de la forêt selon le terme Walter Benjamin. Elle fait émerger des visions profondément enracinées dans tout être vivant. La vie terrestre a été rendue possible par cette toute première afforestation. Aujourd’hui, nous respirons toujours le même air.

Les deux entités forestières sont séparées non-seulement par le temps — l’avant et l’après, mais aussi par la constante évolution paléogéographique des espaces continentaux. Toutefois, l’artiste s’ôte intentionnellement de tout indice spatio-temporel humain, invitant ainsi le spectateur à repenser son propre positionnement vis-à-vis du concept de temps, et notamment de « temps long » géologique.

Plus encore, l’humain est volontairement exclu de toute représentation visuelle. Son unique présence se limite au regard de l’artiste qui se caractérise comme dé-subjectivé, s’ajustant aux fréquences du monde qui l’entoure. Prenant le rôle d’une traductrice, – voire d’une chaman -, l’artiste devient une observatrice et une émettrice sensible de réalités plus qu’humaines. Les fossiles flottent dans un espace indéfini, les forêts sont parfois vues sous des angles ambigus, certaines se désintégrant dans des compositions presque abstraites ; la perspective et les proportions semblant indéfinissables.

Dans l’esprit du premier romantisme allemand, l’artiste désire associer différents champs hétérogènes d’expériences et de connaissances du monde – scientifiques et non scientifiques – dans la perspective de dépasser les cloisonnements disciplinaires, mêlant rationnel et irrationnel, sciences, art et poésie, visible et invisible. L’exposition même se projette dans la notion de gesamtkunstwerk, traduite comme œuvre d’art totale, mais qui s’entend aussi comme un rassemblement, une unité créant l’œuvre. Ainsi, Amélie Labourdette combine son travail photographique avec des pièces écrites et sonores conçues par des artistes invités. À l’instar de la forêt qui se traduit comme un collectif d’arbres, l’exposition devient un collectif de perspectives et de voix. À travers l’œuvre MOHO de Maïtéa Miquelajauregui, l’espace d’exposition est imprégné de vibrations pulsantes incarnant les fréquences du pouls de la Terre. Sensiblement traduites, les forêts se font entendre en voix humaines : d’abord les forêts dévoniennes, par Elodie Issartel, mise en voix par Marie-Bénédicte Cazeneuve, à travers le poème Nos élans sont les flèches de votre avenir, et puis les forêts d’aujourd’hui, qui viennent à notre rencontre à travers le fragment de l’installation audio-visuelle Haus der Naturen der Welt de Camille de Toledo.

Donnant corps et voix à des entités plus qu’humaines, Amélie Labourdette invite l’humanité à envisager une position différente et non centrale afin de percevoir et de se laisser imprégner par la complexité du monde qui nous entoure, à sortir des croyances anthropocentrées et à regarder la nature comme un immense enchevêtrement non hiérarchique d’espèces, de lieux et d’écosystèmes, dont nous ne sommes qu’une partie.

Gabriela Anco

– Journée d’études –

Amélie Labourdette, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres. Forêts contemporaines / L’esprit de la forêt. Région des Catskills, État de New York, États-Unis, 2022.

 

Amélie Labourdette, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres. Forêts du Dévonien / Forêts fossiles de Catskill. Tetraxylopteris-T. schmidtii, forêt de Gilboa, Complexe du Delta de Catskill. Collection de Paléobotanique, New York State Museum, Albany NY, 2022.

La Galerie Michel Journiac et l’Institut ACTE ont le plaisir de vous convier à la 

JOURNÉE D’ÉTUDES

sur une invitation de Dominique Blais, Benjamin Sabatier & Véronique Verstraete

autour de l’exposition

UN PUR ESPRIT S’ACCROÎT SOUS L’ÉCORCE DES PIERRES

Avec la participation d’Amélie Labourdette, Gabriela Anco, Tristan Trémeau, Ernst Zürcher et Camille de Toledo

le 3 décembre 2022 dans l’espace d’exposition.

Galerie Michel Journiac

École des Arts de la Sorbonne – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

47, rue des Bergers

75015 Paris

Entrée libre sous réserve des places disponibles. 

Veuillez réserver vos places en écrivant à communication@gabrianco.com

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Déroulement :

9h15 Café de bienvenue

9h30 Visite de l’exposition et introduction par la commissaire Gabriela Anco 

(Durée : 30 min)

10h00 Discussion : Présentation de la démarche artistique et photographique d’Amélie Labourdette. Participants : Amélie Labourdette, Tristan Trémeau

(Durée : 1h30min)

11h30 Déjeuner

13h00 Conférence + questions : Les arbres entre visible et invisible. Participant : Ernst Zürcher

(Durée : 1h)

14h00 Table ronde : Cosmos-Politique et animisme juridique, l’artiste comme « chaman » – figure liminale, traducteur des voix des entités naturelles non-humaines. Participants : Amélie Labourdette, Gabriela Anco, Camille de Toledo, Ernst Zürcher

(Durée : 1h)

15h00 Café fin.

Amelie Labourdette

Artiste visuelle, photographe, Amélie Labourdette est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Nantes. Bénéficiaire de nombreuses bourses de recherche et de production, son travail a été présenté dans plusieurs expositions en France et à l’étranger (Royaume-Uni, Chine, Géorgie, Italie, Allemagne), et fait partie de collections publiques ou privées. Depuis 2015, elle réalise des résidences artistiques en Italie du Sud, en Tunisie et aux États-Unis, qui lui permettent de développer ses projets.

En 2016, elle est lauréate du Sony World Photography Awards dans la catégorie Architecture, avec sa série Empire of Dust.
En 2017, elle obtient la bourse de Soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP pour son projet Traces d’une occupation humaine réalisé dans le bassin minier d’extraction de phosphate de Gafsa, aux portes du désert tunisien.

De 2017 à 2019, elle réalise le projet KÓSMOS – Pluralité des mondes comme bibliothèque Aby Warburguienne aux États-Unis dans les États du Texas, du Nouveau-Mexique, de l’Arizona, du sud Utah et du sud Colorado, lors de deux séjours : en février 2017 grâce à une bourse de Sony et en mars 2018, suite à l’invitation en résidence à Marfa (Texas) de l’École des Beaux-Arts de Nantes / Saint-Nazaire.

En 2020, elle est sélectionnée parmi les 10 finalistes du Prix Découverte Louis Roederer des Rencontres d’Arles 2020.
En 2021, elle intègre la Collection Photographique du Centre National des arts Plastiques ( CNAP ) avec 5 tirages photographiques de la série KÓSMOS.

Gabriela Anco

Gabriela Anco est curatrice d’art et productrice d’expositions basée en France et en Allemagne. Ayant travaillé avec une gamme éclectique d’artistes et d’œuvres d’art allant de noms établis tels que Joseph Beuys, Marcel Duchamp, Lucio Fontana, Man Ray à des artistes récemment diplômés ou en milieu de carrière – Jagna Ciuchta, Naomi B. Cook, Amélie Labourdette, Jeanne Susplugas -, son objectif principal reste la recherche et mise en exposition du discours contemporain. Ayant comme but de provoquer des discussions sur les changements constants des paradigmes sociétaux contemporains, son choix de sujets se déploie autour du changement climatique, des droits de l’homme, de l’évolution scientifique, de l’humanisme et du post-humanisme. À partir de 2018 elle collabore avec plusieurs espaces d’exposition à Paris : Rinomina, Galerie Mansart, Galerie Papillon, Galerie dix9. En 2022, elle a organisé la première exposition personnelle muséale de Naomi B. Cook au Musée Maison Auguste Compte. Entre 2016 à 2019, elle a co-fondé fontaine b., projet chargé du commissariat et du conseil, qui a collaboré étroitement avec la Fondation Morra à Naples. De 2015 à 2017, elle a dirigé et géré des projets de l’initiative artistique Zona Dynamic avec laquelle elle a reçu le prix du Sénat de Berlin pour les espaces de projets indépendants. Elle est titulaire d’un Master en théorie et esthétique du cinéma de l’Université Panthéon-Sorbonne à Paris et a produit de nombreux projets et expositions, notamment à la Biennale de Marrakech et à la Berlin Art Week.

Tristan Trémeau

Né en 1969 à Lille, Tristan Trémeau vit à Bruxelles. Critique d’art, il a publié depuis 1994 de nombreux articles et essais dans la presse artistique francophone (artpress, L’art même, DDO, Art 21, La Part de l’Œil, Esse arts + opinions…) et dans des catalogues d’expositions monographiques et collectives. Il a été le commissaire d’une vingtaine d’expositions en musées, centres d’art, FRAC, galeries, artist run spaces et écoles d’art, depuis Goya informe (Musée des beaux-arts de Tourcoing, 1999), jusqu’à Troubles topiques (Centre Tour à Plomb, Bruxelles, 2021). Docteur en histoire de l’art, il est professeur à l’Esad TALM-Tours et à l’ARBA-Esa à Bruxelles, après avoir enseigné dans différentes universités (Paris 1, Valenciennes, Columbia University-in-Paris) et écoles supérieures d’art (Tourcoing, Quimper).

Camille de Toledo

Camille de Toledo est écrivain, artiste plasticien, docteur en littérature comparée. Il enseigne à l’Atelier des écritures contemporaines de l’ENSAV (La Cambre), à Bruxelles. Il est l’auteur, notamment, de Le Hêtre et le Bouleau, essai sur la tristesse européenne (2009), Vies potentielles (2010), L’Inquiétude d’être au monde (2012), Le livre de la faim et de la soif (2017). Il a étudié l’histoire, le droit, les sciences politiques et la littérature. En 2004, il obtient la bourse de la Villa Médicis. En 2008, il fonde la Société européenne des auteurs pour promouvoir « la traduction comme langue ». En 2012, il part vivre à Berlin après la mort de son frère, de sa mère et de son père. Engagé pour une reconnaissance juridique des éléments de la nature, il a orchestré le processus instituant des Auditions pour un parlement de Loire (2019-2020), avec le Pôle Art et Urbanisme, dont est sorti Le fleuve qui voulait écrire, récit de ce qu’il nomme « le soulèvement légal de la Terre. » Il a conduit parallèlement un cycle autour de l’enquête avec l’École urbaine de Lyon sous le titre : Enquêter, enquêter, mais pour élucider quel crime ? Son dernier roman, Thésée, sa vie nouvelle, paru aux éditions Verdier à la rentrée 2020, a reçu le prix de la création de l’Académie française et le prix Franz Hessel. Dans Les potentiels du temps (2018) co-signé avec Aliocha Imhoff et Kantuta Quiros, il définit sa pratique artistique, qui entrelace narration et art, sous le terme d’« institutions potentielles ». Sa recherche porte sur ce qu’il nomme la « blessure » entre les encodages humains (la fiction, les langages, les récits) et le monde de la nature. C’est notamment en ce sens que sa thèse de doctorat portait sur le « vertige ». (Une histoire du vertige, de Cervantes à Sebald).

Ernst Zürcher

Ernst Zürcher est de formation « Ingénieur forestier » à l’École Polytechnique Fédérale de Zürich et Dr ès Sciences Naturelles de la même institution suite à une thèse sur la morphologie des arbres et l’anatomie du bois.

Après divers travaux de recherche, il est chef de projet de la coopération suisse au développement, avec 4 ans d’activités de recherche au Rwanda portant sur les forêts naturelles et l’agroforesterie. Professeur émérite en sciences du bois et chercheur à la Haute École Spécialisée Bernoise, Architecture, Bois et Génie Civil, avec des projets de recherche en biologie (en particulier chronobiologie), physique et technologie des essences tempérées et tropicales, dans le contexte d’un développement durable.

Il a étudié plus particulièrement les structures temporelles des arbres (la chronobiologie), et il est l’auteur de nombreux articles scientifiques.

Il a publié en 2016 « Les arbres, entre visible et invisible » (Actes Sud)